Mistranslation & The Sublime


















Digital Photography, 4 digital Panels, Installation, 2017.-
In the silent archives of my computer, I rediscover not photographs, but simulacra—images detached from any referent, freed from the tyranny of meaning. These “unidentified objects” are not failed representations; they are pure appearances, floating fragments of a digital unconscious. They no longer point to a world outside themselves—they are worlds unto themselves, self-generating, self-sufficient, radiant in their absence of origin.
Their light, their color, their vaporous texture—these are the residues of a vanished reality, traces of a gaze that never truly saw. They do not recall something lost; they perform the loss itself. What moves me is not memory but the seduction of indeterminacy—the ecstasy of the image when it escapes its referent and becomes a mirror with no reflection.
Benjamin’s “optical unconscious” finds here its terminal phase: the unconscious no longer reveals what is hidden, it produces what never was. The camera—especially the indifferent eye of the smartphone—no longer captures but generates; it translates, mistranslates, transforms. The digital photograph is not a translation of the real but the hallucination of its translation, an endless metamorphosis where meaning evaporates and only appearance remains.
In this space, loss and emergence coincide. The disappearance of indexical truth gives rise to a new kind of image—an anamorphic illusion, where the real folds into the artificial, and the artificial becomes more real than the real. These images are not about the world; they are the world’s afterimage, shimmering in the post-reality of the screen.
Dans les archives silencieuses de mon ordinateur, je ne redécouvre pas des photographies, mais des simulacres — des images détachées de tout référent, libérées de la tyrannie du sens. Ces « objets non identifiés » ne sont pas des représentations ratées ; ce sont des apparences pures, des fragments flottants d’un inconscient numérique. Ils ne renvoient plus à un monde extérieur à eux-mêmes — ils sont des mondes en soi, auto-générateurs, autosuffisants, rayonnants dans leur absence d’origine.
Leur lumière, leur couleur, leur texture vaporeuse — ce sont les résidus d’une réalité disparue, les traces d’un regard qui n’a jamais vraiment vu. Ils ne rappellent rien de perdu ; ils jouent la perte elle-même. Ce qui me touche n’est pas la mémoire, mais la séduction de l’indétermination — l’extase de l’image lorsqu’elle échappe à son référent et devient un miroir sans reflet.
L’« inconscient optique » de Benjamin trouve ici sa phase terminale : l’inconscient ne révèle plus ce qui est caché, il produit ce qui n’a jamais été. La caméra — et surtout l’œil indifférent du smartphone — ne capture plus mais génère ; elle traduit, mal-traduit, transforme. La photographie numérique n’est pas une traduction du réel mais l’hallucination de sa traduction, une métamorphose infinie où le sens s’évapore et où seule l’apparence demeure.
Dans cet espace, perte et émergence coïncident. La disparition de la vérité indexicale donne naissance à une nouvelle forme d’image — une illusion anamorphique, où le réel se replie dans l’artifice, et l’artifice devient plus réel que le réel. Ces images ne parlent pas du monde ; elles sont l’après-image du monde, scintillant dans la post-réalité de l’écran.